Parler au je: un mythe à déconstruire en communication
Aug 18, 2025
On entend souvent ce conseil en communication : “Parle au je, et non au tu.” C’est vrai… du moins en partie. Car parfois, même en parlant au je, on peut susciter de la culpabilité chez l'autre ou même déclencher de la contre-attaque. Alors comment communiquer avec authenticité et sans violence en parlant au je? Explications à la lumière de la communication non violente (CNV).
Quand le “je” contient un jugement déguisé
Comme mentionné précédemment, on peut parler au je et, du même coup, sans vouloir mal faire, culpabiliser et blâmer l’autre...
❌ Exemples de “je” qui blâment sans en avoir l’air au premier coup d'oeil :
- Je me sens rejetée (sous-entend « TU m’as rejeté »)
- Je me sens trahi (sous-entend « TU m’as trahie »)
- Je me sens manipulée (sous-entend « TU me manipules »)
- Je me suis senti humilié (sous-entend « TU m'as humilié »)
- J’me sens pas comprise (sous-entend « TU ne me comprends pas! »)
Que risque-t-on de récolter avec de tels sentiments teintés d'un jugement?
Une attitude défensive de la part de notre interlocuteur. Ou du déni. Ou de la fermeture. De la non-collaboration.
Est-ce vraiment ce que l’on veut? Bien sûr que non.
On veut plutôt susciter ouverture, compréhension mutuelle et collaboration.
Des solutions?
Comment utiliser le “je” sans culpabiliser l’autre?
Pour nommer comment on se sent, on peut utiliser des termes qui ne contiennent pas d'évaluation sous-entendue.
✅ Exemples de sentiments non teintés de jugement :
- Je me sens triste.
- Je suis en colère.
- Je suis inquiet.
- Je me sens seule.
- Je me sens tendu.
- Je me sens impuissante.
- Je suis sous le choc.
Et ensuite?
On relie le sentiment à un besoin ou une valeur qui nous appartient (et non à ce que l'autre à fait ou pas fait). Un détail bien important.
Voici un exemple: « Je suis fâché parce que j’ai besoin de confiance réciproque et de transparence.»
En résumé, on essaie de nommer, au je, des sentiments qui ne contiennent pas de jugement sous-entendu et on les relie à quelque chose qui nous appartient: besoins ou valeurs, par exemple. Cela a-t-il du sens pour vous?
Pour aller plus loin en CNV
Envie de lire un ou des livres sur le sujet? Je vous recommande les livres de Marshall Rosenberg, psychologue américain, qui a développé la CNV. Ils sont une source d’information fiable. Et le Dr Rosenberg est un excellent pédagogue en plus.
Dans le but d’outiller les employées et employés, j’anime sur invitation en milieu de travail une conférence d'introduction à la communication non violente (CNV). Elle s’intitule: Prévenir les conflits en 4 étapes. Les personnes participantes découvrent une douzaine de pièges à éviter en communication interpersonnelle et, bien sûr, les principes de la CNV.
Dites-moi, avez-vous ressenti de l’étonnement en apprenant que parler au je ne suffisait pas pour bien communiquer avec les autres? Y a-t-il d’autres mythes à défaire en communication interpersonnelle?
Bonne réflexion!
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